Studio Lamatopia

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Grand Theft Château #3

#3 : Le cheval bavard

   – Bon. On se les pèle là ! Il fout quoi le marchand ?

   Blysse piétinait le quai en bois de long en large en grognant des jurons depuis un petit peu plus d’une demi-heure lorsqu’arriva au bout de la rue une vieille charrue remplie de foin et tirée par un cheval assez vieux. Un fermier à l’air tout aussi âgé conduisait l’assemblage.
Une fois arrivé à quelques mètres, il s’adressa à la soldate.

   ‑ C’est vou pou’ l’blablachval ?

   – Ouais, c’est moi. Blysse serra les dents. Y’avait marqué une quatre chevaux tout confort sur votre annonce sur le site !

   – Oh v’savez moi le Ouaib j’y comprends rien. V’montez ou pas ?

   – Mais c’est quoi cette odeur ? Lança la soldate en se pinçant le nez. Je pensais que vous étiez marchand !
   – Ouais, marchand d’purin, ouais.

   Une odeur pestilentielle se dégageait du chariot. Ce qu’elle avait pris pour du foin était en fait du fumier. Elle monta tout de même sur celui-ci car elle devait se rendre à la ville voisine et il n’y avait pas de ligne officielle le mardi.

   – Jour’, ça f’ra cinq pièces.

   – Par contre pour le prix vous vous êtes pas trompé ! Vous avez mis celui pour la quatre chevaux. Deux pièces, ou j’te dégage de ton chariot.

   – Bon bah va. Fit le fermier. Et c’est où qu’è va ?

   – A la bibliothèque de Molline.

   – Ah j’ai une arrière cousine que trav…

   – Mais c’est qu’il a le bec qui pue autant que son chargement celui-là. C’est pas possible ! Tu sais ce qu’on va faire ? On va juste pas parler jusqu’à ce qu’on arrive à destination. Ok ?

   Le vieux fermier grogna un juron et se reconcentra sur sa bête qui avançait tant bien que mal. L’attelage n’avait pas encore dépassé le bout de la rue et les passants se regroupaient pour injurier le groupe de voyageurs pour l’odeur.

   Blysse enfila son casque à touffe bleue pour écouter de la musique et laissa défiler le paysage, lentement. Le conducteur avait quant à lui commencé une longue conversation avec son cheval.

   Soudain, tandis qu’ils atteignaient la sortie du village, un homme attira le regard de Blysse. Il tenait une chèvre en laisse et faisait de grands signes en leur direction.

   – Mais qu’est ce qu’il nous veut lui ? Marmonna-t-elle.

   – ça doit êt’ l’suivant.

   – Ah parce qu’on va le prendre ? Blysse fulminait.

   Le chariot s’arrêta juste à côté de l’homme à la chèvre qui souleva sa chèvre et la posa à côté de la soldate en lançant un son incompréhensible.

   – ssai pas d’y causer, il est con comme ses bottes. I sait pas parler.

   – Au moins une bonne nouvelle.

   L’idiot grimpa sur l’attelage, s’assit et lança un sourire de toutes les dents qui lui restaient à Blysse. Puis, il tourna la tête vers l’avant et sembla plonger dans une contemplation béate du paysage en bavant.

   Les quatre voyageurs, entassés, reprirent leur route.

   – Mais c’est qu’elle bouffe mon froc celle-là. Dégages, sale bête ! Hurlait Blysse en repoussant l’animal.

   Elle finit par la soulever devant les yeux inquiets du simplet et la propulsa dans le purin. Cette dernière s’y creusa un trou et s’allongea. Le calme reprit.

   Quelques minutes plus tard, ils passèrent devant un panneau.

   – Mais, on va pas vers Molline là.

   – Bêh non on va chercher un gaillard à Toulbass avant c’tait marqué su l’site nan ?

   – Non justement. On va jamais arriver avant la tombée de la nuit !

   – Sûr que non, on va arriver d’amin soir. On passe aussi en chercher une à Balombe, une éleveuse de puces.

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