Studio Lamatopia

Atelier fantastique – Littérature fantasy illustrée, livre audio, jeux


Catégorie : Autres textes

Textes n’appartenant pas aux Mythes Galinéens. Nouvelles, récits courts, autres idées de romans.

  • Grand Theft Château #7

    Grand Theft Château #7

    Grand Theft Château #7

    #7: Le cheval bavard 2

    *Inspiré à partir d’une histoire vraie

       Blysse attendait assise sur l’unique banc de Molline son blablacheval pour retourner à Damarise sur Bourde. La bourgade était déserte à l’exception d’un grand père qui traversait l’avenue principale pour se rendre à la taverne.

       Soudain, un bruit régulier se fit entendre d’abord bas puis rapidement de plus en plus fort jusqu’à devenir un vacarme. Il semblait que quelque chose s’approchait à grande vitesse.

       L’origine du bruit en question était une charrette rouge vif équipée d’un aileron et tirée par deux chevaux blancs. Celle-ci traversa l’avenue, manquant au passage de percuter l’unique passant qui dut sauter sur le bas-côté pour ne pas finir écrasé. Ce dernier lui envoya une pluie de jurons que le conducteur n’entendit certainement pas vu le bruit que son véhicule dégageait.

       Le chauffard s’arrêta en dérapant devant la guerrière, laissant derrière lui une grande trainée de poussière. Des motifs de ronds qui se chevauchaient avaient été peints sur les museaux des bêtes qui tiraient l’assemblage.

       – Hé beauté, c’est toi que j’emmène en blabla ?

       – Déjà on va.. kof kof.. enlever le beauté et oui c’est moi la .. Kof.. passagère. Fit Blysse en toussant à cause de la poussière.

       – C’est bon, j’plaisantais. Bon on décolle ? J’ai rencard avec les potes du club de charrettes pour aller boire une bière après.

       La guerrière contourna le véhicule et monta. Le chauffard n’attendit même pas qu’elle soit installée et frappa d’un coup sec les croupes des chevaux à l’aide d’une cravache.

       – Z’avez pas l’air d’aimer les chevaux vous ? Fit Blysse consternée.

       – Bah quoi faut bien qu’ils avancent ! Répliqua l’autre.

       Elle grimaça.

       La charrette avançait à tout allure sur la route, manquant de sortir du chemin à chaque virage. D’autant plus que le conducteur ne cessait de la reluquer d’un air gênant.

       – Vous savez, c’est pas inutile de regarder la route. Commenta Blysse.

       – Ouais ça va. J’maitrise. Alors qu’est ce qu’une jolie dame comme toi va faire à Damarise ?

       – Je t’ai déjà dit de garder tes commentaires pour toi. Et ça te regarde pas ce que je vais y faire.

       Puis elle sortit un parchemin qu’elle commença à lire.

       – Hé mais c’est les infos ? Alors qu’est ce qui se raconte de beau ? Continua le chauffard en essayant de lire ce qui eut pour effet de faire tanguer la charrette bien près des bords du chemin. Encore avec leurs conneries de mariage ?

       – Quoi le mariage ?

       – Bah qu’ils veulent que les elfes et les orques puissent se marier entre eux, nan mais n’importe quoi leur connerie de mariage pour tous.

       – Ecoutes, je préfère qu’on parle pas de politique. Qu’on parle pas tout court d’ailleurs.

       – Nan mais c’est vrai quoi. Déjà qu’les orques ils viennent dans notre pays et qu’ils nous piquent notre travail. Tu m’étonnes que y’a plus de quêtes et que la moitié des chevaliers sont au chômage. Moi ça m’fait mal au cœur. Heureusement qu’mes parents y sont là et qu’ils ont de l’argent. J’trouve pas d’boulot mais j’ai ma charrette pour m’occuper on fait des courses avec les potes. Et d’temps à autre j’fais des blablacheval pour rembourser les trajets voilà ça, c’est honnête.

       – Tu sais quoi ? Tu vas faire comme si t’avais pas de passagère et on va regarder le paysage jusqu’à Damarise.

  • Lama-sure d’halloween #3

    Lama-sure d’halloween #3

    Lama-sure d’Halloween #3

       Les petits bruits de pas semblaient tout près de la porte, soudain.

       – Miaaaaaaaaaaaaaaouuuuuuuuuuuuu. Un miaulement déchirant traversa l’ouverture.

       Les deux collègues sursautèrent.

       – Un foutu chat. Râla Mousse. Il m’a fichu une de ces trouilles.

       – A. A moi aussi. Lâcha Zoana qui tentait de reprendre sa respiration.

       Ils allumèrent leur lampes torches, ouvrirent la porte et découvrirent un vieux chat noir. Celui-ci semblait peu docile et très abimé par la vie à en juger par son oreille à moitié dévorée à plusieurs endroits et la fente qui remplaçait un de ses yeux. Il avait la mâchoire qui pendait comme les très vieux chats. Il semblait d’ailleurs être particulièrement âgé. Ce dernier fit demi-tour en les voyant et disparut dans ce qui devait être le salon.

       Les deux collègues de regardèrent et poussèrent légèrement la porte ce qui obligea les araignées à quitter en hâte leurs toiles cassées. Il n’y avait pas d’autre bruit d’activité à l’intérieur.

       – Monsieur ? Fit Mousse à voix haute.

       Pas de réponse.

       – Peut-être qu’il dort ? Demanda Zoana.

       L’officier hocha la tête.

       Ils pénétrèrent le hall d’entrée et le scrutèrent avec leurs lampes. Celui-ci était aussi désaffecté que le salon. Il y’avait des portes manteaux vides, un meuble recouvert d’un drap et des bougeoirs éteints disposés dessus. S’y trouvait également une petite décoration en forme de cygne. Un tableau représentant un cerf dans un décor forestier était accroché au mur. Des escaliers droits montaient à l’étage et semblaient déboucher sur un couloir.

       Seule une petite paire de chaussures d’enfant, voir même peut être de poupée, se trouvait sur un tapis.

       – Qu’est ce que cela veut dire ? S’interrogeait l’officière.

       Mousse hocha les épaules.

       Soudain, une musique démarra. Provoquant une nouvelle bouffée de paniques aux deux investigateurs. Celle-ci provenait de la décoration en forme de cygne qui s’était mise à tourner. C’était une boite à musique.

       – Sans doute qu’elle était bloquée depuis un certain temps. Examina l’officier en désactivant la musique.

       Puis ils avancèrent dans le salon, légèrement éclairé par la bougie. Ils s’aperçurent que le canapé était en réalité vide. Ce n’était pas une main. C’était juste un gant posé sur l’accoudoir. Mais qui avait donc pu allumer cette bougie.

       Ils revirent également le chat qui s’était perché sur un meuble et se frottait en ronronnant à un vieux chandelier en émettant de petits miaulements. Ils auraient presque pu trouver cela mignon dans d’autres circonstances.

       Ils se séparèrent ensuite. Le tour du rez-de-chaussée ne donna rien. La cuisine était vide ainsi que les wc, la salle de bain et le placard de rangement. A l’étage, les premières investigations ne donnèrent pas plus de résultats.

       Arrivé au bout du couloir, Mousse trouva une chambre entrouverte. Cette dernière était totalement vide à l’exception d’un berceau au centre de la pièce. Dans celui-ci se trouvait une poupée.

       Le jouet avait la peau légèrement verdie par le temps et les yeux avaient roulés de sorte que l’on n’en voyait plus les pupilles.

       Soudain, l’officier entendit un bruit de chasse d’eau. Ce devait être Zoana.

       Il redescendit après avoir minutieusement vérifié chaque recoin.

       – Rien trouvé et toi ? Demanda-t-il ?

       – Rien non plus.

       – Hé attends, c’est quoi ça ?

       Mousse s’aperçut que ce qu’il avait tout d’abord pris pour une bibliothèque était en fait une porte recouverte d’un papier peint trompe l’œil.

       – On dirait que ça mène vers la cave. Allons jeter un œil.

  • Grand Theft Château #6

    Grand Theft Château #6

    Grand Theft Château #6

    #6 : TalentSup

       – Mais c’est vraiment de la merde leur site ouaib. Ça met vingt ans à charger ! Fulminait Tim devant son écran.

       – Ah bah ça. C’est le ministère des spécialisations hein, faut pas trop leur en demander. Commenta Lucine tout haut.

       – Au pire, on fait ça un autre jour, j’ai rendez-vous avez les potes ‘pa. Râlait Jules, l’aîné des nombreux enfants de Tim.

       – Écoute, me saoule pas. On va faire ton admission sur Talentsup et après tu pourras aller avec tes p’tits copains. Le rabroua son père.

       L’humain s’acharnait à cliquer sur la page qui ne bougeait pas d’un iota. Quand enfin celle-ci daigna bouger, ce fut pour se figer sur ce qui semblait être un très long questionnaire.

       – Cent vingt questions. Mais on finira jamais ! Pleurnichait l’adolescent.

       – Allez, plus vite on s’y met… Plus vite c’est fini et plus vite papa pour aller à son renc… Heu en mission. Fit Tim en faisant un clin d’œil derrière lui avant de reprendre son activité.

       – Bon, déjà, il faut qu’on saisisse toutes tes notes que tu as eu à l’académie. Alors. Rolala. Nan. mais t’es vraiment trop mauvais en magie toi. Le prof a quand même mis « Jules ne doit plus pratiquer la magie durant les cours au risque de blesser ses camarades. Nous nous contenterons de connaissances théoriques ».

       – Oui, bah j’y peux rien. J’aime pas les runes, je mélange tout. Puis toi, tu fais de la musique. Tu vas pas me dire que la magie ça te parle ?

       – Nous, les ménestrels, c’est pas pareil. On a que l’art dans la peau.

       – Oui, bah maman elle dit qu’elle t’entend plus souvent siffler les filles que chanter.

       – Bon, t’arrêtes de m’agacer Jules. On reprend. Fulminait Tim. Bon, les notes. Pratique des armes. Quinze. C’est bien ça. Musique. Douze. Mouais. Alchimie. Cinq. « A mangé des plantes toxiques pour amuser les camarades ». Mais tu plaisantes ?

       – C’était un jeu p’pa.

       – Super… Alors sinon là ils demandent ce que tu voudrais faire plus tard.

       – Chevalier de la garde !

       – Au moins ça a le mérite d’être clair. Ok, alors là y’a le brevet de chevalerie. Y’a une école à Toulbass. Ça a l’air un peu rural mais pas trop cher et tu pourras revenir voir ta mère régulièrement.

       – Heu, y’a pas plus loin ?

       – Commence pas. On va pas se saigner pour te payer une école non plus hein, faut en garder pour tes frères et sœur.

       De longueurs heures de débats défilèrent ainsi autour du choix de l’école.

       – Ça y est, le logiciel a tranché. Voyons voir.

       – Mais c’est n’importe quoiiiii.

       – École de magie de la belle fée. A Gudorn dans les montagnes du nord. C’est à trente jours de marche. Ils ne parlent pas le commun. Mais c’est du délire ! J’vais appeler le ministère moi ! Ils disent qu’ils ont plus de place en chevalerie et qu’ils sélectionnent que les profils qui correspondent.

  • Lama-sure d’Halloween #2

    Lama-sure d’Halloween #2

    Lama-sure d’Halloween #2

       – De la lumière ? Hé Zoana, il y’a bien de la lumière qui sort de la fenêtre. Non ?

       – Heu. Oui, en effet.

       Un léger halo traversait une des rares vitres du rez-de-chaussée encore en état. Le spectre semblait osciller légèrement.

       Ils dégainèrent de nouveau leurs armes. Mousse fit signe avec son doigt de ne pas faire de bruit. Puis ils marchèrent accroupis jusque sous la fenêtre. L’officier se releva doucement en ne faisant dépasser que le haut de sa tête pour observer.

       A l’intérieur, tout semblait aussi abandonné qu’à l’extérieur et l’origine du halo était la flamme d’une bougie posée sur un large guéridon. La maison, bien qu’abandonnée était meublée et des draps avaient été disposés sur le mobilier pour en limiter l’usure. Comme si les propriétaires s’étaient préparés à une longue absence. Aucun objet ne trainait ormis des vases avec des fleurs plus que fanées ou une carafe d’eau sur la table. La carafe était pleine. Etonnant. Il y’avait donc eu de la vie récemment.

    Soudain, en regardant de plus près vers la bougie, Mousse vit un autre détail. Le guéridon se trouvait à côté d’un canapé qui faisait dos à l’officier de son point d’observation mais il pouvait apercevoir le bout d’une main posée sur l’accoudoir. Il chuchota à sa collègue.

       – Ce doit être un sans domicile qui squatte les lieux. Etonnant qu’il ne nous ait pas entendus tout à l’heure. Il aurait dû détaler normalement.

       – Peut-être dort-il ? Répondit Zoana.

       – ça doit être ça. Acquiesça Mousse en hochant la tête. On va rentrer par la porte de devant.

       Ils refirent le tour de la maison et arrivèrent devant la porte qui était en effet entrouverte. Des toiles d’araignées pendaient entre celle-ci et le chambranle.

       – Par où a donc pu passer le sans domicile si cette porte n’a pas été ouverte depuis longtemps ? Demanda à voix basse Zoana.

       L’officier haussa les épaules et commença à approcher sa main de la poignée.

       – Attends. J’entends des petits bruits de pas qui s’approchent. Fit sa collègue.

  • Lama-sure d’Halloween #1

    Lama-sure d’Halloween #1

    Lama-sure d’Halloween #1

       – Tu es sûr que c’est ici ? Ça a l’air abandonné.

       – Ouais. C’est la voisine qui nous a appelé car elle a entendu du bruit alors qu’il y’a personne d’habitude. Elle n’a pas osé venir voir par elle-même.

       – Je la comprends. Fit Mousse en inspectant avec dégout la façade de la bâtisse délaissée avec sa lampe torche.

       Il s’agissait d’un pavillon qui devait avoir tout au plus une trentaine d’années mais qui n’avait pas dû être habité depuis cinq ou six ans à en juger le lierre qui avait poussé partout autour. De nombreuses fenêtres étaient brisées et la porte semblait vu de la rue entrouverte.

       Cela ne démotiva pas pour autant le jeune officier qui avait l’habitude d’inspecter ce genre de lieux. Après tout, ils avaient reçu à l’école de Lamaréchaussée une formation pour explorer en toute sécurité les lieux inconnus.

       Il fit signe à son adjudant qu’il allait jeter un œil,  projeta son faisceau en direction de la porte et commença à s’avancer. Zoana, une collègue, commença à le suivre.

       A première vue, rien ne semblait avoir bougé depuis longtemps. Aucune trace de pas dans les herbes qui avaient poussé le long de l’allée, pas de lumière émergeante du bâtiment, pas d’odeur suspecte ni de bruit. Seuls les bruits de la nature, habituels dans ce type de petit village. D’autant que le terrain de la maison était bordé de bois qui devaient abriter de nombreuses bêtes.

       Alors qu’il arrivait à une dizaine de mètres, un bruit grave s’approcha à grand vitesse. L’officier dégaina son arme avec une étonnante rapidité et cria en pointant son arme vers le bruit qui provenait du côté de la maison.

       – Attention !

       Soudain, un sanglier dépassa la maison et s’enfuit vers la forêt environnante. Mousse expira un grand coup. Sa collègue qui avait dégainé aussi se remettait de sa frayeur.

       – Fiou.. Il m’a fait peur celui-là. Ça devait être lui qui faisait du bruit. Il a du trouver quelque chose à grignoter derrière la maison et a pris peur quand il nous a vus. Allons voir.

       Les deux collègues contournèrent la bâtisse et Mousse se figea.

  • Grand Theft Château #5

    Grand Theft Château #5

    Grand Theft Château #5

    #5 : Druidissimo

       – Ah, mais ça gratte.

       – T’as vu, on dirait que ça grossit à vue d’œil.

       – Si ça se trouve, t’es en train d’crever.

       – Dis pas ça. Je suis trop jeune pour mourir.

       – Viens, on va jeter un œil sur druidissimo. Lança Baric à son ami nain Brelode qui palissait à vue d’œil.

       Le jeune elfe pianota sur un ordinateur libre à proximité tandis que les autres clients de la ouaib auberge commençaient à se plaindre de l’odeur laissée par les pieds à l’air libre de son compagnon.

       – Alors, alors. Dermatoses d’origine magique. Couleur ? Jaune, heu, un peu vert aussi. Ok. Ok. Est-ce que ça te gratte ?

       – Heu… oui. Répondit le nain.

       – Est-ce que tu as des maux de tête ?

       – Heuuuuuuu… Un peu m’enfin j’ai mon casque qui m’fait mal comme d’habitude.

       – Je vais mettre oui on sait jamais. Est-ce que tu as des vertiges ? Des tremblements ?

       – Je crois pas.

       – Est-ce que tu te sens déprimé ? Tu manges normalement ?

       – Ben… j’ai pas très faim mais bon en même temps à midi c’était boulettes de bœuf et je digère pas trop. Et je sais pas moi. Répondit le nain l’air abattu.

       – Je pense que vaut mieux mettre oui alors. Fit Baric en hochat la tête et cliquant.

       – Oh ça se corse.

       – Hein ?

       – Est-ce que tu sens des palpitations ? Est-ce que tu as des fourmis dans la tête ?

       – Des quoi ? Le nain palissait à vue d’œil et semblait soudain prêt à s’évanouir.

       – A mon avis, tu as une tumeur arcano induite de septième degré. C’est quasiment sûr. Tu as tous les symptômes ! Ils disent que y’a très peu de chances de s’en sortir. Généralement, un quart seulement en réchappent. C’est terrible ce qu’il t’arrive.

       – Mais… Mais. Je … Et Brelode se mit à trembler.

       – Ah, tu vois. Voilà les tremblements ! Fallait juste le temps que ça vienne. A l’aide ! Un soigneur de disponible pour mon ami ? C’est terrible. Il va mourir !

       Un paladin occupé à faire ses comptes se leva et s’approcha hâtivement. Il examina pendant quelques secondes le pied du malade.

       ‑ Non, mais c’est juste une verrue ton truc là. Ça va partir tout seul en trois jours. Faut arrêter Druidissimo, les gars. C’est la cinquième personne que je retrouve en panique cette semaine après avoir essayé de s’autodiagnostiquer.

  • Grand Theft Château #4

    Grand Theft Château #4

    Grand Theft Château #4

    #4 : La rune de sérénité

       – Mais puisque je te dis que tu t’es fait enfler !

       – N’importe quoi. C’est juste qu’on sait pas s’en servir. Essaies de la frotter entre tes mains et fermes les yeux.

       – T’aurais du dire au vieux type de nous payer en monnaie sonnante et trébuchante plutôt que de te laisser refourguer cette caillasse.

       Gorbiis retournait la pierre dans tous les sens et restait persuadé que son ami Baric, un elfe sympa mais quelque peu simplet, s’était fait avoir. Il râla de nouveau.

       – Et pourquoi une rune pour dormir, d’abord ? A quoi ça te servirait ?

       – Comme ça, quand on est en bivouac, j’aurais pas de mal à dormir même si on entend les loups. Rétorqua Baric.

       – Et tu comptais faire comment pour partager le butin en deux ?

       – Ben on se la prête. Une nuit, elle est à toi, et une nuit à moi.

       – Mais c’est pas possible d’être aussi stup…

       Lucine, qui en avait assez de les entendre se disputer, s’approcha, prit la pierre d’un coup sec et la renifla.

       – C’est d’la teinture ton truc. Ça a rien de magique.

       – Tu vois que tu t’es fait arnaquer mon vieux !

       – Oh toi fermes l… Baric lança la rune sur Gorbiis hilare qui l’évita de justesse.

       Un bruit de choc sur un casque ainsi qu’un corps qui s’écroule se firent entendre.

       L’humain se retourna et rit derechef.

       – Bah tu vois qu’elle aide à dormir ta rune !

  • Grand Theft Château #3

    Grand Theft Château #3

    Grand Theft Château #3

    #3 : Le cheval bavard

       – Bon. On se les pèle là ! Il fout quoi le marchand ?

       Blysse piétinait le quai en bois de long en large en grognant des jurons depuis un petit peu plus d’une demi-heure lorsqu’arriva au bout de la rue une vieille charrue remplie de foin et tirée par un cheval assez vieux. Un fermier à l’air tout aussi âgé conduisait l’assemblage.
    Une fois arrivé à quelques mètres, il s’adressa à la soldate.

       ‑ C’est vou pou’ l’blablachval ?

       – Ouais, c’est moi. Blysse serra les dents. Y’avait marqué une quatre chevaux tout confort sur votre annonce sur le site !

       – Oh v’savez moi le Ouaib j’y comprends rien. V’montez ou pas ?

       – Mais c’est quoi cette odeur ? Lança la soldate en se pinçant le nez. Je pensais que vous étiez marchand !
       – Ouais, marchand d’purin, ouais.

       Une odeur pestilentielle se dégageait du chariot. Ce qu’elle avait pris pour du foin était en fait du fumier. Elle monta tout de même sur celui-ci car elle devait se rendre à la ville voisine et il n’y avait pas de ligne officielle le mardi.

       – Jour’, ça f’ra cinq pièces.

       – Par contre pour le prix vous vous êtes pas trompé ! Vous avez mis celui pour la quatre chevaux. Deux pièces, ou j’te dégage de ton chariot.

       – Bon bah va. Fit le fermier. Et c’est où qu’è va ?

       – A la bibliothèque de Molline.

       – Ah j’ai une arrière cousine que trav…

       – Mais c’est qu’il a le bec qui pue autant que son chargement celui-là. C’est pas possible ! Tu sais ce qu’on va faire ? On va juste pas parler jusqu’à ce qu’on arrive à destination. Ok ?

       Le vieux fermier grogna un juron et se reconcentra sur sa bête qui avançait tant bien que mal. L’attelage n’avait pas encore dépassé le bout de la rue et les passants se regroupaient pour injurier le groupe de voyageurs pour l’odeur.

       Blysse enfila son casque à touffe bleue pour écouter de la musique et laissa défiler le paysage, lentement. Le conducteur avait quant à lui commencé une longue conversation avec son cheval.

       Soudain, tandis qu’ils atteignaient la sortie du village, un homme attira le regard de Blysse. Il tenait une chèvre en laisse et faisait de grands signes en leur direction.

       – Mais qu’est ce qu’il nous veut lui ? Marmonna-t-elle.

       – ça doit êt’ l’suivant.

       – Ah parce qu’on va le prendre ? Blysse fulminait.

       Le chariot s’arrêta juste à côté de l’homme à la chèvre qui souleva sa chèvre et la posa à côté de la soldate en lançant un son incompréhensible.

       – ssai pas d’y causer, il est con comme ses bottes. I sait pas parler.

       – Au moins une bonne nouvelle.

       L’idiot grimpa sur l’attelage, s’assit et lança un sourire de toutes les dents qui lui restaient à Blysse. Puis, il tourna la tête vers l’avant et sembla plonger dans une contemplation béate du paysage en bavant.

       Les quatre voyageurs, entassés, reprirent leur route.

       – Mais c’est qu’elle bouffe mon froc celle-là. Dégages, sale bête ! Hurlait Blysse en repoussant l’animal.

       Elle finit par la soulever devant les yeux inquiets du simplet et la propulsa dans le purin. Cette dernière s’y creusa un trou et s’allongea. Le calme reprit.

       Quelques minutes plus tard, ils passèrent devant un panneau.

       – Mais, on va pas vers Molline là.

       – Bêh non on va chercher un gaillard à Toulbass avant c’tait marqué su l’site nan ?

       – Non justement. On va jamais arriver avant la tombée de la nuit !

       – Sûr que non, on va arriver d’amin soir. On passe aussi en chercher une à Balombe, une éleveuse de puces.

  • Grand Theft Château #2

    Grand Theft Château #2

    Grand Theft Château #2

    #2 : La touffe bleue

       Enfin mardi !

       Cela faisait tout le week-end que Blysse attendait que la boutique ouvre. Déjà parce qu’elle avait grand hâte de boire un bon jus de houblon à bulles mais aussi parce qu’elle avait besoin de matériel.

       Cependant, en arrivant devant la boutique, qui portait le doux nom de « Siber binouz », la femme d’une quarantaine d’années vit que de la fumée s’échappait de la porte et que des cris semblaient provenir de l’intérieur de la pièce.

       Les deux vitrines qui entouraient la porte, d’habitude impeccables, étaient maculées de poussière noire ou bien carrément explosées. De petits débris de verres jonchaient le sol du trottoir et plusieurs articles qui servaient à aguicher les passants avaient été réduits à l’état de cendres.

       Habituée des situations dangereuses comme se devait l’être une soldate comme elle, Blysse sortit son épée de son fourreau, la prit à deux mains, la mit en garde et passa à pas lents l’entrée. S’attendant à découvrir quelque monstre incendiaire, elle fut étonnée de trouver les habituels clients posés à jouer dans la boutique tandis que Lucine lançait des coups de pieds dans un spectre agenouillé à nettoyer au chiffon les meubles recouverts de suie.

        –  Et que ça brille le chiffon ou j’essuie la boutique avec ton châle !  Hurlait cette dernière.

        Elle semblait deux fois plus énervée que d’habitude si tant est que ce soit possible.

       –  Des soucis ? Demanda la soldate.

       –  Encore un abruti qui m’amène un parchemin explosif , qu’est ce que j’y comprends moi à leurs hyéroglyphes sur leurs papiers, là. Râlait la patronne tandis que la nouvelle venue hochait la tête.

       –  C’est des idiots. Vu que le parchemin coûte soixante pièces d’or, ils se disent je vais aller le photocopier pour cinq et le revendre cinquante. Comme si personne n’y avait jamais pensé.

       –  Ouais… Bon et toi tu veux quoi aujourd’hui ? Fit Lucine.

       –  Moi, ce serait pour un casque connecté. Le mien a rendu l’âme vendredi après qu’un barbare m’ait mis un coup de hache en plein sur le bleu machin là.

       –  Ah un casque blue touffe , oui j’en ai toujours là-bas sur l’étagère, bon là elles sont un peu noires mais un peu d’eau et on y voit plus rien. Lâcha la commerçante.

       Blysse se retourna et alla vers une des étagères où étaient alignés plusieurs casques en métal parés de fourrures bleues qui malgré l’encrassement à la suie avaient encore une couleur éclatante.

        –  Bon, c’est pratique le kit main libres. Mais niveau discrétion sur les champs de bataille, t’es sûr que la première flèche elle est pour toi. Et ça c’est quoi là ?

       Blysse montra une bobine de fil où un écriteau surplombant affichait.

       « Promo. Cable SATA en poils de loup-garou ».

       –  Ah ça, c’est du câble que tu te branches dans l’oreille et dans celle d’une autre personne et ça t’aide à transférer ta mémoire plus vite qu’un sortilège. Bon, par contre, des fois, c’est gênant, ça transfère des trucs que t’aurais pas trop envie que les autres voient.

       –  Ah ouais ? Trop bien ! Je te le prends ! C’est combien ?

       –  Dix huits pièces d’or mais dix sept parce que c’est toi.

       –  Marché conclu.  Blysse sourit et retourna vers le comptoir pour payer le câble et un casque dont deux oreilles bleues touffues dépassaient.

       –  Ah, t’as pris le modèle ours, il est bien celui-là. Tiens regarde, tu peux jouer de la musique.

       –  Il en faut …zbbezbertt… peu pour être heureux, vraiment très peu …brbzzzt … pour être heureux il faut juste faire le nécessaaaaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiire –  s’échappa faiblement du casque que tenait l’humaine dans les mains.

       Blysse posa les pièces sur le comptoir, enfila le casque et sortit de la boutique en dansant.

  • Grand Theft Château #1

    Grand Theft Château #1

    Grand Theft Château #1

    #1 : Le parchemin

       –  Mais, vous n’allez pas me revendre vos godasses pourries que vous venez d’enlever quand même ?!  Espèce de crado, dégages moi ça de la ! 

       –  Mais, mais…

       –  Allez vires ça de sous mon nez ou bien je te fais dégager par la garde ! On est une boutique sérieuse ici, pas une décharge. Il s’est jamais lavé les pieds ou quoi celui-là ?

       Gorbiis regardait amusé Lucine, la tenancière de la Ouaib auberge envoyer balader un de ces aventuriers qui cherchait à vous fourguer ses vieilles guenilles puant la sueur. Il y’en avait tous les jours. L’autre fois, il y’en avait même un qui avait enlevé son pantalon devant tout le monde, provoquant le malaise général dans la boutique.

       Un calme relatif retomba sur la pièce lorsque le baroudeur fut propulsé à travers la porte par Gnüt, un habitué, qui avait la particularité d’être un troll de deux mètres cinquante, entièrement constitué de muscles.

       Les autres clients reprirent leurs activités. Certains jouaient à danse avec les orcs sur des tapis lumineux ou à call of baston derrière des écrans. D’autres envoyaient des mandats cash à des brouteurs polymorphes des terres de l’ouest ou sirotaient des verres de bière en bricolant des gadgets explosés certainement récupérés dans des donjons.

       Les yeux de Gorbiis s’étaient de nouveau rivés sur son écran.

       «  Cameliana. Humaine. Prisonnière d’un dragon. Aime les chevaliers barbus. A 3 bourgades de vous « 

       «   Satina. Elfette. Habite en haut d’un arbre. Adore les tours de magie. Préfère les chevaliers barbus. A 30 minutes de cheval de vous ».

       En effet, il était occupé sur AdopteUnePrincesse.corne, car, bien qu’il soit hyper costaud, relativement riche, et avec une réputation qui n’était plus à faire, il restait désespérément seul.

       Il se redressa sur son siège et grommela : 

       –  Ah, j’en ai marre ! C’est tout le temps la même chose !

       –  Bah quoi ? –  Fit Lucine. Avec un ton encore exaspéré de la scène précédente.

       –  Elles veulent toutes des chevaliers barbus ! Mais la barbe, c’est hyper chiant ! ça vous gratte dans l’armure, faut la laver souvent, ça prend feu quand on attaque les dragons. C’est dingue ça.

       –  Dis plutôt que t’as la flemme de la laver ouais –  Lança la tenancière, goguenarde.

       –  C’est vraiment nul comme site. Dire que j’ai payé vingt pièces d’or l’accès pour le mois. J’aurais mieux fait de m’acheter à boire

       –  Ah oui, ça aurait été mieux . Grimaça Lucine qui se tourna vers la porte tandis que la cloche qui signalait les nouveaux arrivants venait de sonner.

       Un spectre drapé d’un tissu noir rentra en flottant dans la boutique et s’arrêta devant le comptoir.
       –  Bonjour, je peux faire quelque chose pour vous le drap ? –  Fit Lucine en pouffant.

       –  Gröm. Fit le spectre en sortant un parchemin de sous son châle.

        –  Une seule photocopie ? 

        –  GrÔom.

        –  Couleur ?

        –  Grohm.

       – Voyons voir… Encre de calmar rose et dorure.

        Puis Lucine disparut dans l’arrière-boutique avec le parchemin. On entendit claquer le capot de la parchocopieuse dans toute la boutique. Elle était vraiment de mauvaise humeur aujourd’hui. Il faut dire que c’était le premier jour de travail de la semaine et elle était souvent comme ça.

       Soudain, une vive explosion secoua la boutique et mit tout le monde à terre. La casquette de Lucine fut propulsée à travers la pièce, noircie. Les vitrines du magasin avaient partiellement explosé et de la suie recouvrait la plupart des articles sur les étagères ainsi que les clients.

       Lucine sortit de l’arrière-boutique, d’où sortait un panache de fumée noire et opaque mais l’on pouvait voir la fureur dans ses yeux au milieu des multiples contusions de son visage.

        –  Combien de fois faudra-t-il que je répète qu’il est INTERDIT DE PHOTOCOPIER DES PARCHEMINS EXPLOSIFS !