Grand Theft Château #1
#1 : Le parchemin
– Mais, vous n’allez pas me revendre vos godasses pourries que vous venez d’enlever quand même ?! Espèce de crado, dégages moi ça de la !
– Mais, mais…
– Allez vires ça de sous mon nez ou bien je te fais dégager par la garde ! On est une boutique sérieuse ici, pas une décharge. Il s’est jamais lavé les pieds ou quoi celui-là ?
Gorbiis regardait amusé Lucine, la tenancière de la Ouaib auberge envoyer balader un de ces aventuriers qui cherchait à vous fourguer ses vieilles guenilles puant la sueur. Il y’en avait tous les jours. L’autre fois, il y’en avait même un qui avait enlevé son pantalon devant tout le monde, provoquant le malaise général dans la boutique.
Un calme relatif retomba sur la pièce lorsque le baroudeur fut propulsé à travers la porte par Gnüt, un habitué, qui avait la particularité d’être un troll de deux mètres cinquante, entièrement constitué de muscles.
Les autres clients reprirent leurs activités. Certains jouaient à danse avec les orcs sur des tapis lumineux ou à call of baston derrière des écrans. D’autres envoyaient des mandats cash à des brouteurs polymorphes des terres de l’ouest ou sirotaient des verres de bière en bricolant des gadgets explosés certainement récupérés dans des donjons.
Les yeux de Gorbiis s’étaient de nouveau rivés sur son écran.
« Cameliana. Humaine. Prisonnière d’un dragon. Aime les chevaliers barbus. A 3 bourgades de vous «
« Satina. Elfette. Habite en haut d’un arbre. Adore les tours de magie. Préfère les chevaliers barbus. A 30 minutes de cheval de vous ».
En effet, il était occupé sur AdopteUnePrincesse.corne, car, bien qu’il soit hyper costaud, relativement riche, et avec une réputation qui n’était plus à faire, il restait désespérément seul.
Il se redressa sur son siège et grommela :
– Ah, j’en ai marre ! C’est tout le temps la même chose !
– Bah quoi ? – Fit Lucine. Avec un ton encore exaspéré de la scène précédente.
– Elles veulent toutes des chevaliers barbus ! Mais la barbe, c’est hyper chiant ! ça vous gratte dans l’armure, faut la laver souvent, ça prend feu quand on attaque les dragons. C’est dingue ça.
– Dis plutôt que t’as la flemme de la laver ouais – Lança la tenancière, goguenarde.
– C’est vraiment nul comme site. Dire que j’ai payé vingt pièces d’or l’accès pour le mois. J’aurais mieux fait de m’acheter à boire
– Ah oui, ça aurait été mieux . Grimaça Lucine qui se tourna vers la porte tandis que la cloche qui signalait les nouveaux arrivants venait de sonner.
Un spectre drapé d’un tissu noir rentra en flottant dans la boutique et s’arrêta devant le comptoir.
– Bonjour, je peux faire quelque chose pour vous le drap ? – Fit Lucine en pouffant.
– Gröm. Fit le spectre en sortant un parchemin de sous son châle.
– Une seule photocopie ?
– GrÔom.
– Couleur ?
– Grohm.
– Voyons voir… Encre de calmar rose et dorure.
Puis Lucine disparut dans l’arrière-boutique avec le parchemin. On entendit claquer le capot de la parchocopieuse dans toute la boutique. Elle était vraiment de mauvaise humeur aujourd’hui. Il faut dire que c’était le premier jour de travail de la semaine et elle était souvent comme ça.
Soudain, une vive explosion secoua la boutique et mit tout le monde à terre. La casquette de Lucine fut propulsée à travers la pièce, noircie. Les vitrines du magasin avaient partiellement explosé et de la suie recouvrait la plupart des articles sur les étagères ainsi que les clients.
Lucine sortit de l’arrière-boutique, d’où sortait un panache de fumée noire et opaque mais l’on pouvait voir la fureur dans ses yeux au milieu des multiples contusions de son visage.
– Combien de fois faudra-t-il que je répète qu’il est INTERDIT DE PHOTOCOPIER DES PARCHEMINS EXPLOSIFS !